Mobilisation
des gens de mer A
la déclaration de guerre, la Marine compte environ une réserve de
121500 hommes, inscrits maritimes mobilisables de vingt à cinquante ans.
Ils sont classés ( selon leur âge) en sept catégories de mobilisation
de A à G. Le 31
juillet, la Marine qui tenait à avoir des navires prêts au combat,
avait rappelé individuellement les marins nécessaires au premier
armement des navires. Le
2 août pour ne pas désorganiser la flotte marchande et ne pas engorger
ses dépôts, elle restreint la portée de l'ordre de mobilisation
générale. Les inscrits des classes B et C (marins en dessous de
vingt-cinq ans) avaient seuls été appelés mais en même
temps les affectés spéciaux employés dans les services du
front de mer, le service des renseignements, les postes divers des défenses
fixes, et les auxiliaires d'artillerie placés dans les forts et batteries
sous commandement du département de la guerre pour la défense des
côtes. Le 13 août,
l'ordre de rappel était lancé pour les gradés et brevetés,
ou auxiliaires des spécialités de canonnier, fusiliers, timonier,
infirmiers et guetteurs de la catégorie D (au dessous de trente ans). Le
26 août, un télégramme ministériel levait le reste
des inscrits de la catégorie D et les gradés et brevetés
des mêmes spécialités que ci-dessus de la classe E (de trente
à trente-cinq ans y compris les utilisables à terre). Le ministre
avait soin de spécifier que les capitaines au long-cours, maîtres
au cabotage, mécaniciens, etc, ne seraient pas touchés et que les
marins embarqués au cabotage seraient laissés sur leur navires.
Entre temps, le 11 août, à la demande du département de la
guerre, les inscrits des catégories F et G (de trente-cinq à quarante-cinq
ans) étaient mis à la disposition du ministre de l'agriculture pour
effectuer les moissons. Cette mesure n'était pas très heureuse et
elle fut rapportée quelques jours après. Laurent,
breveté canonnier, classé dans la catégorie E, a donc rejoint
le 27 août 1914, le 2ème dépôt de Brest. En quatre jours,
il sera de nouveau incorporé dans la marine et versé du 1er septembre
1914 au 24 avril 1915 à l'artillerie du Front de mer. En
1914, les forts et batteries de côte de Brest sont encore armés essentiellement
par des artilleurs à pied du 3ème R.A.P. (donc des artilleurs "de terre"), des
marins commencent toutefois à occuper certains ouvrages à la mobilisation et davantage
ensuite, après le départ sur le front de nombreuses batteries du 3ème R.A.P. Les
"Fronts de mer" ont été placés dans les principaux
ports de guerre ou de commerce, sous la direction d'un capitaine de vaisseau.
Ils furent chargés de la police de la navigation, de la reconnaissance
des navires, de l'entretien des chenaux de sécurité et du dragage
des abords des bassins et des rades. A
la mobilisation générale, la marine a complété l'armement
de ses navires de combat mais il restait un excédent d'hommes dans les
dépôts. Ils ont constitué la brigade de fusiliers marins qui
s'est vaillament battue à Dixmude mais aussi le régiment de canonniers
marins, les groupes de canonnières fluviales, les groupes d'auto-canon,
et d'auto-projecteurs. Des matelots sans spécialité ont été
versés dans l'armée de terre. Laurent
séjournera de nouveau au 2ème dépôt de Brest du 24
avril au 22 juin 1915 puis au 1er dépôt de Cherbourg du 22 juin au
7 septembre 1915. Il passera ensuite au 5ème dépôt de Toulon
et sera embarqué jusqu'au 1er avril 1916 sur les bâtiments de servitude
du port de Toulon. Il sera alors pris en compte par le Centre Administratif du
Front de mer de Marseille. |